Recommandations de la présidente nationale

  • Nos progrès en tant que travailleuses et travailleurs dépendent d’une négociation collective libre et équitable, qui inclut le droit de grève. Tout au long de l’histoire, les travailleuses et travailleurs canadiens ont lutté pour le droit de grève et l’ont obtenu. Par l’organisation de mouvements de grève, ils ont obtenu collectivement l’amélioration de leurs conditions de travail, se sont battus pour des gains historiques et générationnels, et ont obtenu une part plus équitable des bénéfices qu’ils génèrent par leur travail. Pourtant, certaines et certains membres d’Unifor dans des secteurs comme les soins de santé connaissent trop bien les difficultés associées à la négociation dans un contexte où le droit de grève est restreint ou tout simplement interdit.

    Le recours à des briseurs de grève par les employeurs pendant les conflits de travail porte atteinte au droit de grève, à notre droit à la négociation collective libre et équitable et à la liberté d’association. Cette pratique est antisyndicale. C’est pourquoi notre syndicat se bat depuis de nombreuses années pour l’adoption d’une loi anti-briseurs de grève dans l’ensemble du pays. En 2024, grâce aux efforts soutenus de notre syndicat et de l’ensemble du mouvement syndical, la première loi fédérale anti-briseurs de grève du Canada a été adoptée.

    Nous devons célébrer cette victoire historique. Elle n’a été possible que grâce aux nombreux travailleurs et travailleuses qui ont tenu des piquets de grève pendant que leurs employeurs employaient de manière flagrante des travailleuses et travailleurs de remplacement pour faire leur travail. Elle a été rendue possible parce que les travailleuses et travailleurs et leurs syndicats n’ont jamais cessé de se battre et de se mobiliser.

    Mais ce n’est pas le moment de relâcher notre vigilance. Même en disposant des nouveaux pouvoirs qui nous ont été accordés par la Chambre des communes, les entreprises exercent des représailles. Elles travaillent ensemble pour cibler précisément les droits des travailleuses et travailleurs, promouvoir des lois et des mesures qui leur sont hostiles, saboter la négociation

    collective et exterminer notre droit de défection protégé par la Constitution. Notre droit de grève ne peut pas être tenu pour acquis.

    Face au pouvoir grandissant des entreprises et à une époque où les travailleuses et travailleurs et leur famille doivent composer avec des difficultés économiques croissantes, la négociation collective et le droit de grève doivent être renforcés, et non affaiblis.

    En tant que présidente nationale, je recommande qu’Unifor :

    • poursuive la lutte en faveur de l’adoption d’une loi anti-briseurs de grève dans l’ensemble des provinces et des territoires du Canada afin qu’elle devienne une norme pour des relations de travail justes et équitables dans tout le pays;
    • exige que les partis politiques de chaque province et territoire reconnaissent le droit de grève et s’engagent à le soutenir;
    • s’oppose aux mesures visant à imposer l’arbitrage obligatoire des intérêts et exige l’élargissement du droit de grève en contestant les désignations illégitimes de travail

    « essentiel », dans la mesure du possible; et

    • soutienne activement les actions des fédérations syndicales internationales dans leur défense juridique du droit de grève consacré par la Convention (no 87) sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948, de l’Organisation internationale du
  • Le Canada évolue dans une économie mondiale qui change et qui est influencée par bon nombre de facteurs, notamment la réorientation des investissements, le changement climatique, les nouvelles technologies, l’automatisation, la géopolitique, les conflits, les crises sanitaires et les changements dans les régimes commerciaux.

    Les travailleuses et travailleurs canadiens doivent s’unir pour tirer parti des fruits de leur travail, de leurs compétences, de leurs connaissances et de leur énergie afin de favoriser de nouveaux investissements dans les industries productives qui bâtiront l’avenir du Canada. Pour ce faire, nous devons établir des stratégies industrielles globales fondées sur des faits qui permettront de produire de la richesse, de créer et de maintenir de bons emplois, et d’assurer la prospérité des communautés pendant des générations.

    Les gouvernements fédéral, provinciaux et municipaux réalisent des investissements susceptibles de soutenir la production industrielle au Canada. L’approvisionnement en biens et services est un élément essentiel des stratégies industrielles visant à répondre aux besoins de notre pays tout en soutenant l’emploi ici, au Canada.

    Le secteur manufacturier canadien a été frappé durement par les gouvernements qui ont choisi de ne pas donner suite aux investissements. Toutefois, depuis la pandémie, l’orientation du gouvernement vers l’économie a changé et un gouvernement plus actif a ainsi pu réaliser des investissements dans l’industrie de plusieurs dizaines de milliards de dollars. Ces investissements favorisent la croissance du nombre d’emplois industriels. Ils soutiennent également les services publics, comme les soins de santé et l’éducation.

    Les membres d’Unifor et l’étendue de leur expérience dans plus de 20 secteurs représentent une voix crédible et bien informée pour influencer les stratégies industrielles qui répondent aux besoins du pays et créent de bons emplois.

    En tant que présidente nationale, je recommande qu’Unifor :

    • lance une campagne nationale intersectorielle pour favoriser les investissements dans l’économie industrielle du Canada, laquelle :
      • fera appel aux conseils sectoriels et aux membres de notre syndicat, et s’en inspirera, pour élaborer une vision économique de l’avenir;
      • fera la promotion de pratiques exemplaires en matière de marchés publics au Canada qui orientent les dépenses publiques vers le contenu canadien, soutiennent la croissance économique nationale, assurent la viabilité environnementale et créent de bons emplois syndiqués;
      • plaidera en faveur d’une réforme de la politique des marchés publics auprès des différents ordres de gouvernement, et définira les domaines spécifiques et stratégiques dans lesquels le syndicat peut s’engager pour faire progresser le développement industriel et la stratégie industrielle au Canada;
      • établira un plan ciblant les responsables gouvernementaux et les entités adjudicatrices concernées à l’échelle fédérale, provinciale, territoriale et municipale, selon les besoins.
  • Les syndicats n’existent pas en vase clos. Notre force et notre capacité de représenter nos membres sont affectées par le climat général qui nous entoure : notamment, les politiques gouvernementales influencent nos droits syndicaux, le droit des syndicats d’exister et de participer à une négociation collective libre et équitable, la force des lois en matière de santé et de sécurité, la qualité des soins de santé et de l’éducation, les salaires minimums, l’équité salariale et les droits des femmes en matière de procréation. Les gouvernements définissent également la politique économique, laquelle a assurément un impact considérable sur le bien-être économique et social de nos membres.

    En termes simples, notre vie s’étend au-delà du milieu de travail. De nos droits démocratiques aux impôts que nous payons, en passant par la pérennité de nos communautés et des villes et les politiques industrielles bien conçues qui créent de bons emplois, tous ces éléments sont influencés par la politique et les décisions politiques.

    Aussi, en tant que syndicalistes, nous nous préoccupons de l’égalité sociale au sein de nos communautés et de notre pays, tout comme de la discrimination, de la vie des personnes âgées, de la pauvreté et de la santé mentale.

    Tout est une question de « politique ».

    En 2014, des délégations d’Unifor ont débattu de la question et adopté la déclaration « Politique en faveur des travailleuses et travailleurs : Projet politique d’Unifor ». Ce document exposait une vision de notre syndicat et de la politique. Il reposait sur nos objectifs généraux et sociétaux pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs, au-delà de la sphère de la politique partisane.

    Aujourd’hui, comme il y a 10 ans, notre syndicat estime que notre travail va au-delà de la table de négociation. Nous croyons en l’importance de la politique puisque les décisions politiques d’aujourd’hui affectent l’ensemble de nos vies.

    Si les syndicalistes sont sûrs d’une chose, c’est qu’individuellement, le travailleur n’est pas en mesure de défier un employeur. L’action collective est fondamentale pour défendre nos intérêts et atteindre nos objectifs. Il en va de même sur le plan politique.

    Les politiques d’Unifor en matière de relations politiques et d’élections sont indépendantes, objectives, transformationnelles et fondées sur des principes. L’apport d’un changement politique est étroitement lié à notre capacité de bâtir notre propre pouvoir en tant que syndicat, ainsi que celui des travailleuses et travailleurs.

    Unifor a été formé pour relever les défis d’aujourd’hui et faire une différence.

    Pour ce faire, nous avons besoin d’un cadre à long terme ainsi que de politiques et de stratégies à court et à moyen terme. Dans les réalités changeantes de la politique au Canada, il est clair que notre projet politique ne fait que commencer.

    En tant que présidente nationale, je recommande qu’Unifor :

    • renouvelle son engagement à élaborer son propre projet politique, un projet qui reconnaît le pouvoir que détiennent les travailleuses et travailleurs lorsqu’ils s’unissent pour obtenir des changements transformationnels de grande envergure qui profitent collectivement aux travailleuses et travailleurs;
    • mette à jour le document Politique en faveur des travailleuses et travailleurs de 2014 selon le contexte politique d’aujourd’hui et mobilise les membres d’Unifor lors des prochains conseils régionaux de 2024-2025 sur son projet politique;
    • joue un rôle actif dans les principales élections canadiennes de l’an prochain, y compris celles en Colombie-Britannique, en Saskatchewan et au Nouveau-Brunswick, ainsi que lors des élections potentielles en Ontario et en Nouvelle-Écosse. Le syndicat doit également préparer une stratégie nationale pour s’engager directement et sérieusement dans les prochaines élections fédérales; et
    • communique des analyses et des renseignements électoraux sur la nécessité d’élaborer des stratégies industrielles au Canada, les politiques et les programmes des principaux partis, ainsi que les votes et les positions publiques des personnes candidates, afin de mieux orienter les décisions de vote des membres.
  • Le 30 septembre est un jour férié national qui vise à reconnaître les nombreux abus commis dans les pensionnats, à honorer les survivants et à œuvrer à la réconciliation.

    Le message de la journée, « Chaque enfant compte », est un appel à valoriser tous les enfants et à prendre soin d’eux, des principes que les églises qui administraient les pensionnats ne respectaient pas, pas plus que les gouvernements provinciaux et le gouvernement du Canada.

    Les membres d’Unifor se mobilisent depuis longtemps en faveur de la justice à l’occasion de la Journée du chandail orange. La découverte de restes d’enfants disparus sur les sites d’anciens pensionnats confirme ce que les communautés autochtones affirment depuis des décennies

    : des milliers d’enfants sont allés à l’école et ne sont jamais rentrés chez eux. Reconnaître la douloureuse histoire et l’impact permanent des pensionnats et de la violence coloniale fait partie intégrante du processus de réconciliation.

    En tant que présidente nationale, je recommande qu’Unifor :

    • réitère son engagement envers les 94 appels à l’action découlant du rapport de 2015 de la Commission de vérité et réconciliation du Canada;
    • réitère également son engagement envers les 231 appels à la justice qui sont nés du rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées; et
    • encourage les sections locales à continuer de favoriser la vérité et la réconciliation en apprenant à mieux connaître et à influencer les appels à l’action et à la justice, en développant l’engagement des membres, en participant à des actions de solidarité autochtone et en faisant la promotion de l’éducation et de la sensibilisation, notamment par le biais de la série de formations d’Unifor sur l’Île de la tortue.